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Chroniques de guerre
16 décembre 2013

Page 3 Novembre 1944 – Libération de Strasbourg

Page 3

 

Novembre 1944 – Libération de  Strasbourg

 

Depuis, le mois d’octobre 44, Fred a rejoint le 12ième Régiment des Chasseurs d’Afrique. Il est  Chef du 3ième  Peloton du  1ier Escadron de Chars. Il va participer,  avec son unité,  aux combats de la Vezouze, de la Blette, de la Sarre rouge et blanche. Le 1ièr Escadron est commandé  par le Capitaine Humbert du Hays. Cette unité comprend  5 Officiers, 18 Sous-officiers et 93 Chasseurs, soit un effectif de 116 hommes. Les autres chefs de Pelotons de chars de combats de l‘Escadron du Hays sont :

-  Chef du 1ier Peloton : Aspirant de la Pontais[1]

-  Chef du 2ième  Peloton : Sous-lieutenant de Truchis, depuis le 1ier avril 1944

-  Chef du Peloton d’échelon : Adjudant Meunier

Au plan matériel, l’Escadron est équipé de 22 chars ( 6 chars M3A3, de 10 chars M5A1, de 6 chars médium), 3 half-tracks, 2 dodge, 2 jeep. Le Char de Fred  est le Val de Loire II. Au début de l'offensive sur Strasbourg, les Escadrons de Chars du 12ième Régiment des Chasseurs d’Afrique se répartissent entre le Sous-groupement Minjonnet (3ième  Escadron), les éléments réservés du G.T.L. (4ième et 1ier Escadron) et le Sous- groupement Massu (2ième Escadron).

 

Tenir à tout prix « l’Alsace et la Lorraine »

En novembre, commence le dernier hiver pénible de la guerre où les allemands vont résister dans les Vosges et en Alsace-Lorraine. La défaite allemande à Dompaire conduira Hitler à limoger le général Blaskowitz à la tête du groupe G. Il sera remplacé par le Général Balck à qui il donne l'ordre de "tenir à tout prix l'Alsace et la Lorraine". Les défenses allemandes sont constituées de deux systèmes échelonnés en profondeur:

-  La Vorvogesenstellung, dite ligne pré-vosgienne, orientée Nord-Sud et passe par Montigny - Blâmont - Richeval et Gondrexange. 

-  La seconde ligne d'obstacles anti-chars et de points d'appui fortifiés, la Vogesenstellung ou ligne de défense des Vosges, qui suit la N 61 au Nord de Phalsbourg, englobant Phalsbourg puis descendant par Lutzelbourg, le canal de la Marne au Rhin, Niderviller, Voyer, Lafrimbole. 

Ce fut une des campagnes les plus dures menée par l’Armée Française. Les pertes de la 1ièreArmée Française, de la 2ième  D.B. et de l’Armée allemandes seront lourdes[2].

 

Le plan insensé du Général Leclerc

L’offensive générale menée par le Général PATCH a pour mission de libérer la plaine d'Alsace de Strasbourg à Wissembourg et rejeter l'ennemi de l'autre côté du Rhin. Le Général Haislip[3] doit forcer les lignes défensives des Vosges et exploiter, par la trouée de Sarrebourg sur Saverne et sur l'Alsace:

-   La 79 DIUS est à l'Est de la nationale 4,

-  la 44ieme DIUS est à l'ouest,

La  2ièmeD.B. est, au début, en réserve prête à bondir en exploitation. Leclerc a obtenu la mission d'exploiter la percée des Divisions d'Infanterie américaines sur l'axe de la nationale 4 de Sarrebourg à Saverne (G.T. D. - Groupement Tactique DIO) et entre la nationale 4 - exclue - et les contreforts des Vosges (G.T.L. - Groupement Tactique Langlade). Dès lors, l'objectif du Général est  de pousser par la trouée de Saverne, avec en ligne de mire Strasbourg et la tête de pont de Kehl, sur le Rhin.

Il a travaillé jour et nuit le plan d'exploitation. Il veut mettre en application un plan insensé, mis au point en interrogeant les Alsaciens et les Vosgiens de la Division et en exploitant les renseignements obtenus des prisonniers Allemands et de la Résistance sur l'organisation des défenses allemandes de Saverne.

Dans les plans de la 2ieme D.B., il y a deux échelons d’attaque. Le G.T. D. (Dio) est en charge de deux axes "Nord"[4]. Le G.T.L. (Langlade) a en charge deux axes "Sud", passant par Saverne.

Un partage des axes sud est fait entre les deux Sous-groupements Massu et Minjonnet. Le Sous-groupement Minjonnet prend en charge l'axe C : Tanconville, Bertrambois, Niederhoff, Rondpré, Hautegueisse, Basse Barville, Voyer, Hartzviller, route nord de Bieberkirch, Vallerysthal, Guntzviller, Arzviller[5].

Puis, il y a deux options pour atteindre Saverne :  Par St Jean Kourzerode, Mittelbronn, Maison rouge, Phalsbourg, Danne et 4 vents, Saverne ou par Sparsbrode, la Hofmuehl, Lutzelbourg, Stambach. Le Sous-groupement Massu sera sur l'axe D : Cirey-sur-Vezouze, Lafrimbolle, St Quirin, le Moulin de France, St Léon, Walscheid, Sitifort, Maison forestière de Rehthal. 

À cet endroit, il y a également deux options : la première vers Moulin Neuf, Sparsbrod, Hofmuehl, Lutzelbourg, Stambach, Saverne, la seconde vers Neustattmuhle et la Chapelle de Saint–Odile, Schaefferhof, Galgenthal, Dabo.  

Le 12 novembre, à  la veille de l'offensive, Fred écrit une lettre à sa famille : " ici on dépense rien, à part le champagne. Mais c'est fini à présent...Il est vrai que peut-être on va être dans une grande ville". Pour lire ses courriers, sa famille doit  lire entre les lignes. Il ne fallait pas que l’ennemi identifie les positions, en cas d’interception du courrier. Il ne fallait pas non plus inquiéter la famille en de telles circonstances. Le courrier suggère cependant que l'objectif de libérer Strasbourg était clairement distillé dans les unités  de la 2ième  D.B. 

Le 13 novembre au matin de l’offensive des alliés, Leclerc précise les conditions du succès au Colonel de Langlade, commandant le G.T. L.. Les instructions du Général sont de faire dépasser les 2 Divisions d’Infanterie américaines, dès que celles-ci auront rompues le front. Un premier échelon de groupements sera lancé en direction de la trouée de Saverne. Puis il s'agira de le faire suivre par les autres éléments de la Division, en laissant le maximum de moyens sur l’axe le plus favorable.

La mission spécifique du G.T. L. est d’atteindre au plus tôt les sorties Est de la trouée de Saverne en suivant les itinéraires secondaires. Il s'agira de trouver le moment précis où la Division devra être lâchée "comme on découple la meute entière sur l'animal de chasse surpris". Trop tôt est dangereux, trop tard est encore pire. La vitesse à laquelle la Division pourra gagner au plus vite les arrières de l'ennemi dans la plaine d'Alsace sera le facteur essentiel à la réussite de l'opération. Le succès repose sur l'audace et la rapidité d'exécution…

Il est rapporté au Général Leclerc le propos suivant : "Il faut rendre au Boche le coup de Sedan et lui faire goûter à la Blitzkrieg…"  Le choix de l'itinéraire sera décisif. Le Général a fait disposer un énorme plan en relief au 1/10.000e des Vosges, en carton pâte. Il parle au Colonel de Langlade :

"C'est vous que je charge de crever les derniers écrans de résistance quand je lâcherai la Division. Il vous faut dégringoler l'Alsace au galop et la surprise  des Boches sera telle qu'ils ne s'en remettront jamais. Pour cela, il ne faut pas passer par Sarrebourg et Saverne, ce sera le rôle de DIO de le tenter... Toutes ces routes importantes seront bourrées d'obstacles...on s'en sortira pas ... C'est pourquoi vous vous arrangerez pour passer par là".

Du bout d'une longue perche, il montra le lacis de petites routes secondaires qui, débouchant de Cirey, parvenaient après des contorsions multiples de la Sarre Blanche et la Sarre Rouge jusqu'au carrefour de Réthal à 10 km au sud-ouest de Sarrebourg, en plein contrefort des Vosges. Ces chemins vicinaux passaient par Bertrambois - Niederhoff - Lafrimbole - Saint Quirin puis Voyer - Trois fontaines. 

Il poursuit : "Arrivé à Réthal nous aviserons mais vous devez tout faire pour utiliser la route de DABO. L'ennemi vous attend par les routes de Saverne, il ne vous attend pas par le DABO car nul ne pourra jamais supposer qu'une Division Blindée s'engage dans cet itinéraire de montagne...M'avez vous compris ? ».

Langlade s'en trouve consterné. Il écrira : « Comment imaginer une Division Blindée s'engageant par la route du DABO, dans des virages effarants, des pentes redoutables, véritable coupe-gorge que quelques poignées d'hommes armés de bazookas pouvaient défendre avec succès ?"

 

Offensive générale des alliés

Le Jour J de l’offensive alliée est le 13 novembre, l’heure H est à 7 heures. Il a neige la nuit. Il fait - 6 et une épaisse couche de neige couvre le sol. Après une intense préparation d’artillerie, l'attaque alliée se met en marche à l'aube rencontrant une forte résistance ennemie. Le Génie a déminé la passerelle au sud d’Herberviller et engage la réfection des ponts sur la Blette. Le 13, à midi, la position de l'ennemi est la suivante :

-  la 709 ieme DI est au sud de Cirey-sur-Vezouze

-  La 553ième DI se trouve entre Cirey et les étangs de Dieuze bouche la trouée de Saverne

-  La 316ieme et des éléments de la IIieme Panzer au nord

Le 14 novembre, la neige tombe toute la journée tantôt à gros flocons, tantôt en neige fondue. Le thermomètre est remonté à 0 degré. Le sol est transformé en marécage. A 8h 30, Ancerviller est attaqué depuis 30 heures par la  79ieme DIUS ( ) Les allemands résistent toujours. Les véhicules et les camions s'enlisent, dérapent dans les fossés. Une mortelle humidité pénètre au travers des vêtements. "La troupe est figée " écrira plus tard le Général de Langlade. La 79ième  est soumise à un violent bombardement d’Artillerie. Le half-track radio du G.T. L. est touché par un obus. Le Chasseur Lion est tué. Le Chasseur Delup est blessé. Le Capitaine Marron demande un char léger, en remplacement du half-track. Leclerc s'impatiente:

" les Américains avancent à un train d'escargot...à cette allure, il y en aura pour quatre jours avant que la Vezouze ne soit atteinte".

À 20 heures, la neige tombe toujours. La 314ieme DI (79ieme) prend enfin Ancerviller et Sainte Pôle. Elle attaque les anti-chars qui coupent la route à 1km à l’Est d’Ancerviller. La 44ieme DIUS n'a fait aucun progrès et est stoppée au nord de la nationale 4.

Le 15 novembre, il fait - 10. La 79ième DI US attaque la ligne principale de résistance allemande entre le Hameau d’Ancerviller et Halloville. Le fossé anti-char a été franchi à l’aube. Elle est ralentie par la violence de l'artillerie adverse.

La 44ieme DIUS avance en direction de Richecourt, au nord de la nationale 4. Langlade décide de découpler le 1ier Régiment des Spahis Marocains de Morel-Deville. Les Spahis partent aussitôt, pénètrent dans Nonhigny et Montreux, poussent les reconnaissances de part et d'autre de la route de Cirey, tout en couvrant la 79ieme DIUS sur son flanc droit et, en facilitant l'avance de celle-ci.

Pendant ce temps, le Sous-groupement Minjonnet est à Ogeviller-Herbeviller et Frémenil. Le canon tonne toute la nuit. Le 16 novembre,vers 14 heures, Leclerc décide d'élargir le front d'attaque de la 79ieme DI., tout en la couvrant. Il détache un Sous-groupement du G.T. W. du Colonel de Guillebon, en réserve. Ce Sous-groupement est placé sous les ordres du Lieutenant-colonel de la Horie à qui il demande de reconnaître Badonviller.

Pour bien le reconnaître, de la Horie s'en empare après une charge de blindés de 5 km[6]. Par ce fait, La Horie a dégagé de façon définitive le flanc droit américain toujours menacé et, surtout, crevé la ligne de résistance comportant deux fossés anti-chars et de nombreux ouvrages. Le dispositif allemand est pour la première fois fissuré. Le Colonel de Langlade reçoit l'ordre de regrouper tout le G.T. L. dans la région d'Ogeviller, Réclonville, Herbeviller et Frémenil  où cantonnera le 1ier Escadron du Hays. 

Le 17 novembre, le temps est un très mauvais temps. Aucun appui de l'aviation n’est possible. Un Bataillon du 314ieme RI (79ieme) attaque Barbas pendant qu’un autre s’efforce de franchir la Vezouze devant Frémonville, sur de mauvais radeau et à la nage. Le thermomètre marque - 3. La 44ieme division est aux abords de Réchicourt-le-château. Le Sous-groupement La Horie continue à pousser sur Cirey. Le Colonel de La Horie est tué net à 9 heures du matin par un éclat d'obus.

Le 18 novembre, à 5 heures du matin le Général Leclerc donne l'ordre d'engager tout le G.T. Guillebon,  avec pour mission de se glisser le long des Vosges et de s'emparer des ponts de Cirey sur Vezouze. Après un combat acharné, il n'arrive pas à forcer la défense de Val et Chatillon. Mais le Détachement Morel-Deville sort du bois comme un éclair, tombe sur Cirey et s'empare des ponts sur la Vezouze qui sont intacts. Pendant ce temps, la 79ième agrandit sa tête de pont de Frémonville.

En fin de journée, elle s'empare de Blâmont. Ainsi, la 708ième Division d'Infanterie allemande se trouve  coupée en deux devant les 79ième et 44ième Divisions américaine. Le décrochage des allemands est obligatoire. La ligne pré-vosgienne est complètement crevée sur le front français. La seule route, de Badonviller qui rejoint la route de Donon, susceptible d'amener des réserves allemandes,  est interdite. L'aviation a été très active, 1 Messerschmitt est abattu.

 

La 2ième D.B. reçoit l’ordre d’exploiter le succès de la 79ième DIUS

Le 19 novembre, le Groupement DIO progresse au nord de la nationale 4, direction Sarrebourg, Phalsbourg, Saverne. Le Colonel Langlade apporte personnellement au PC du Sous-groupement Minjonnet  à Domèvre-sur-Avière l’ordre de partir sur l’Axe C en vue d’exploiter le succès  de la 79ieme DI. 

Les seuls ordres donnés de Leclerc au Colonel Langlade à son PC à Cirey, c’est de  dépasser le Sous-Groupement Guillebon et de « pousser comme une brute… » sur l'axe de la route passant par Niederhoff, Voyer, Rhétal.

L'axe du Commandant Massu est la nationale 393, Saint Quirin, la D117, D113, le village des Trois fontaines, Réthal, Dabo. Le premier de ces deux Sous-groupements arrivé à trois fontaines où se rejoignent obligatoirement les deux itinéraires doit passer en tête et courir sur l'Alsace par Dabo.

À 9 heures 30,  la colonne du Sous-groupement Minjonnet s'engage sur L’axe C, sur la route Domèvre – Montigny – Neuwiller lès Badonviller – Bréménil – Parux – Cirey Sur Vezouze. Ce sont des chemins à peine carrossables. Le village de Bertrambois est pris au milieu de la journée par l ‘élément de tête, le  3ième  Escadron de chars du 12ième R.C.A. (de Bort). Il est fait 30 prisonniers. Niderhoff est très solidement tenu et sa garnison dispose d’armes anti-char.

L’artillerie allemande exécute des tirs de harcèlement sur les débouchés de la forêt. A 17 heures, Minjonnet estime que l’heure tardive empêche de tenter ce soir la prise de Niederhoff, et la remet au lendemain.

Sur l’autre axe du G.T. L. (D), le Sous-groupement Massu est arrêté au carrefour 472 -012. Il se trouve devant la Sarre blanche, entre Lafrimbole et Saint Quirin au hameau de Saint Michel, "stoppé par un formidable barrage de dents de dragons qui barre la route et s'étend d'une pente inaccessible à droite à un marécage qui relie ensuite une forêt garnie de snipers". Toute la vallée de la Sarre Blanche est tenue et défendue par des armes automatiques.

Pendant ce temps, la 44ieme DIUS passe le village de St Georges et borde à la nuit le canal de la Marne au Rhin entre Gondrexange et Les Mines.

 

Attaque générale du G.T. L.

Le 20 novembre, c’est le jour l’attaque générale du G.T. L. sur les deux axes C et D, après de vigoureuses préparations de 3000 coups d’artillerie. Le Sous–groupement Minjonnet attaque Niederhoff.

À 8 heures 50, les premiers éléments sont dans le village et commencent le nettoyage. Une solide barricade, défendue par des canons de 20, arrête la progression pendant trois quart d’heures. A 9h 30, la 7ième  Compagnie d’Infanterie tient le pont qui est intact. Elle s’occupe de démolir la barricade pour livrer passage aux chars. A 10 heures  15,  Niederhoff est enlevé. Au bilan, 1 canon de 88, 2 canons de 20 DCA, 1 mortier, 2 camions, 1 char touché à la tourelle, de nombreuses d’armes anti-chars détruites et 60 prisonniers.

À 10 heures 25, la progression reprend sur l’axe. A 11heures 50, le Sous-groupement franchit la Sarre Rouge et pousse sur VOYER. Il sera arrêté par une très forte résistance. Des obus arrivent à cadence très rapide au voisinage de la ferme à 2 km du village. Le Révérend Père de GEVIGNEY et plusieurs hommes sont blessés par éclats d’obus.

À 12 heures 30, la tête de colonne est à environ 500 m de Voyer. Elle est prise à partie par de violents tirs précis d’artillerie d’automoteurs ennemis, situés à la sortie de Voyer sur la route d’Hartzviller. Le Sous-groupement Minjonnet ne peut plus progresser devant Voyer.

À 12heures 35, le G.T.L. donne l’ordre d’un nouvel axe de marche : NITTING – HESSE – NIEDERVILLER – Arzviller,  si la colonne est trop engagée. Langlade expliquera:

« le débouché extrêmement difficile du fait que VOYER point fortifié de la VOGESEN STELLUNG est un village appuyé par un bastion de collines auquel la route n’accède qu’après avoir suivi une vallée très étroite en traversant un bois absolument imperméable. Il faut donc sortir du bois et se déployer sous le feu de l’ennemi aussi violent que précis. La situation demeure critique pendant de longues heures ».

 Enfin le Sous-groupement s’empare du village rempli de morts et de blessés. Le Général de Langlade écrit : « Minjonnet est un accrocheur qui sait encaisser admirablement. Son Sous –groupement a en lui une confiance totale. Il se bat toute la journée avec un mordant qui va en s’accentuant ».

À 17 heures 30, Voyer est pris avec 48 prisonniers, de nombreux tués, 8 canons de 88, des anti-chars, 4 canons de 135, 2 de 105. 3 chars Mark IV sont détruits. Le G.T. L. a eu, au cours de cette journée, 21 tués et 70 blessés. Les cadavres ennemis n’ont pas été dénombrés. Il y a 600 prisonniers. 8 chars et 30 canons sont détruits ou pris.

En raison de l’obscurité, Minjonnet décide de passer la nuit sur place. Ce combat, un des plus dur de la bataille de Strasbourg, a permis au Sous-groupement Massu d'exploiter sans être inquiété sur son flanc gauche et de s'échapper grand train sur Dabo. Pendant ce temps, sur l'axe D, Massu qui ne pouvait pas crever le barrage solidement fortifié, décide de laisser les blindés inactifs. Il lance tout son Bataillon à pied dans la forêt, pour contourner l'obstacle par les crêtes, passer la Sarre blanche et prendre la position qui l'arrête à revers. Malgré la résistance et nombre imposant d’Allemands, la manœuvre réussit à merveille.

Les allemands rescapés se sauvent dans toutes les directions. La route de Massu est jonchée de cadavres d'hommes et de chevaux, de canons renversés, de véhicules détruits. Le Sous-groupement fonce à l'allure d'un cheval au galop. Il arrive à la nuit à Rhétal, à l'embranchement de la route de Dabo. Sur l’axe A, ce jour là, le G.T. D. avec deux Bataillons américains prennent Sarrebourg. Le 1ier Escadron, placé aux éléments réservés du G.T. L, est porte au delà de Cirey au carrefour des routes de Bertrambois et de la Framboile. De là il fait mouvement par Bertrambois, Hattigny, Fraquelfing sur Niederhoff où il passera la nuit du 20 novembre.

Le 21 novembre, la pluie est torrentielle. L’ordre est donné au Sous-groupement Minjonnet de se porter dès 7 h à Hartzviller et l’axe normal de marche. Le départ de la colonne est retardé par les chars allemands, à la sortie de Voyer qui obstruent la route. A 8heures 15, le Sous-groupement Massu passe à Rhétal et plonge sur Dabo. Derrière lui, le Groupement Guillebon suit dans son sillage.

À 8heures 50,  La colonne Minjonnet démarre. A 9heures 25, l’élément de tête a traversé Arzviller et marche vers Vallerysthal. Le Sous-groupement poursuit sa route au milieu des véhicules ennemis détruits, des cadavres allemands, et des groupes de prisonniers que MASSU a mis sur la route de Vallerystahl. A 9heures 30, MASSU se trouve devant Dabo. En 40 minutes la ville est nettoyée.

CNE CANEPA 10

L’attaque générale du GTL en bleu – En rouge , la 75ième DIUS

 

Le 1ier  Escadron du Hays  est envoyé en reconnaissance sur Arzviller

Langlade a donné l'ordre l’ordre au 1ièr Escadron du Hays (12ième  R.C.A.), d’effectuer une reconnaissance sur l’itinéraire suivant : Hauteguesse – Nitting – Hesse – Schneckenbusch – Niderviller – Arzviller – Lutzelbourg. Cet itinéraire correspond à l’option nord de l’axe C du Sous - groupement Minjonnet, une option qui suppose de se rapprocher de la ligne fortifiée allemande de la Vogesenstellung et, de passer dans la trouée de la Zorn à Lutzelbourg. Cette vallée très étroite et exposée, rend nécessaire la reconnaissance. La décision définitive de faire passer le Sous-groupement Minjonnet  par la route de Dabo n’est pas encore prise à cet instant. Jean-Paul Martinelle[7] indique :

" Au Rehtal, Massu devait descendre dans le Rehtal et remonter à Dabo par Schaefferhof. Minjonnet au carrefour du Rehtal devait prendre la direction de Guntzviller, Arzviller et Lutzelbourg par la trouée de la Zorn et le canal de la Marne au Rhin pour arriver à Saverne".

Le 1ièr  Escadron du Hays part de Niederhoff, renforcé d’une Section de la 1ière Compagnie du 13ième  Bataillon du Génie. Le 3ième Peloton de Chars du Lieutenant Canepa  est en tête de l’Escadron. Ce matin là, l'Armée allemande occupant Niderviller, s'est retirée, en faisant  sauter  les trois ponts du canal de la Marne au Rhin : pont sur la D96, pont sur la D45 de la route de Niderviller à Sarrebourg, pont du Moulins.

La destruction des ponts n'empêchera pas la 2ième  D.B., suivie de la 79ieme DIUS, d'arriver à Niderviller par Schneckenbusch. A 9heures  35, le 1ièr  Escadron du Hays est à Hesse avec les américains. Il atteint Schneckenbusch à 9h 45. A 10 heures, il entre à Niderviller. Le souvenir de cet évènement est encore très présent dans la mémoire de ce village qui avait été complètement germanisé. De derrière les carreaux des fenêtres, on a bien vu le premier char du 3ième  Peloton Canepa, faisant son entrée dans le village déserté, par la route principale. On se rappelle qu’il était suivi par un Half-track.

Le char de tête tourne dans la rue de la tuilerie, en direction du "Vieux Moulin" (Altenburger). La population peut sortir, enfin, des maisons et des caves. Les éléments d'archives nous indiquent que ce n'est que plus tard, après la fin de la guerre, que les habitants de Niderviller découvriront avoir été libérés par des chars de la  2ième  D.B., sans pour autant savoir qu’il s’agissait des Chasseurs du 12ième R.C.A.. La confusion s’explique par le fait que lors de la libération, les Escadrons de Chars de la 2ième D.B. sont entièrement équipés et habillés comme les américains. Seule marque d’identification visible est la Croix de Lorraine de la France Libre.

D'ailleurs, le 1ièr  Escadron du Hays ne s'attarde pas dans le village,  poursuivant sa mission de reconnaissance.  À 10 heures 15 précise, le 1ièr  Escadron a déjà dépassé Niderviller, suivant l’ordre de « pousser comme un furieux » vers Arzviller. Quand les soldats Américains de la 79ième   DIUS arriveront à leur tour dans le village, ils distribueront cigarettes et chocolats aux habitants de Niderviller, et d’autres cadeaux aux enfants, massivement rassemblés au bord de la route. Pendant ce temps, non loin de là, le Sous-groupement Minjonnet est stoppé suivant les ordres, au carrefour de Rhétal. Il assure la défense sur les arrières de Massu et du G.T. W. Lui-même  est couvert à l’ouest par l’Escadron de chars (1ier) du Hays en direction de Arzviller. Et, le Sous-groupement Massu passe le col du Wolsberg.

 

CNE CANEPA 11

 Lieutenant Canepa avec l’équipage de son char Val de Loire II

 

Une violente résistance ennemie

À 11 heures, le 1ièr  Escadron du Hays est arrêté par une très violente résistance ennemie. Les feux venant d’Arzviller solidement occupé par les allemands, fusent. L’occupation de l’axe Guntzviller – Arzviller semble sérieuse. A 11 heures  25, une reconnaissance aérienne est demandée par Langlade sur Arzviller et Guntzviller, deux villages proches. La reconnaissance aérienne ne voit rien alors que l’Escadron Hays est arrêté par les feux ennemis.

À 11heures 40, le Lieutenant Gayet du 4ieme R.M.S.M[8]. est envoyé par Minjonnet en reconnaissance sur Guntzviller. Il se heurte à des feux violents dont les feux anti-chars de canon de 20mm. Plusieurs hommes sont gravement blessés. Une automitrailleuse et une jeep sont détruites. Tous les blessés sont ramenés par Half-track sanitaire. L’occupation de l’axe Guntzviller – Arzviller est très sérieuse.

À 12 heures 30, l’artillerie et les obusiers prennent à partie la crête ouest d’Arzviller. Les coups longs d'une arme anti-char tombent sur l’Escadron du Hays. Le 3ième Peloton Canepa progresse en tête sans incident jusqu’à la crête située à 500 m ouest de Arzzviller. A cet endroit, la situation devient critique pour le Peloton de tête. La reconnaissance reste à faire, compte tenu des résultats de la reconnaissance aérienne. Elle ne peut se faire autrement qu'à pied, ce qui oblige à prendre de gros risques pour sortir du char et s'exposer comme cible de choix des snipers[9]. Face à une situation aussi dangereuse, aucun des hommes ne veut d’emblée sortir des chars.

Fred décide alors de montrer l'exemple, en tant que Chef du Peloton : il sort de son char pour effectuer lui-même la reconnaissance à pied. De l’infanterie ennemie enterrée à cette crête est camouflée dans les buissons qui bordent le chemin d’accès. Elle ouvre le feu et blesse le Lieutenant, ainsi que le Chasseur Fournier.

Les résistances sont rapidement nettoyées. La crête est occupée. Le Peloton du Truchis est poussé en avant pour reprendre la progression vers Arzviller. Mais celui-ci  ne peut déboucher de la crête car le 1ier char est également  pris à partie par des feux d’armes lourdes, venant du carrefour des routes de Hommarting et de Lutzelbourg. Les chars du Peloton Canepa et du Lieutenant de Truchis appliquent leurs feux sur le carrefour et les débouchés nord de Arzviller.

Une autre reconnaissance à pied est encore nécessaire pour voir ce qu’il y a au carrefour. Lorsque le Maréchal des Logis Heurtaux et le Chasseur Juif retournent à leur char pour tenter de le récupérer, ils sont atteints par un projectile venant du carrefour. Le Chasseur Edmond Juif meurt immédiatement après sa blessure.

Peu après, dix coups d’artillerie tombent sur la crête et blessent le médecin Capitaine de la Compagnie de Génie d'un éclat d'obus alors qu'il faisait les premiers pansements des blessés. 5 autres hommes de la Compagnie du Génie sont également touchés et évacués. Lors de cet engagement de 11 heures 30 à 12 heures 30, à proximité du carrefour des routes de Niderviller à Arzviller, il y a  10 pertes, dont 4 au 1ier Escadron du Hays. Fred est évacué sur la 3ième  Compagnie médicale, qui constate une plaie pénétrante par balle de l’omoplate gauche: " la balle m'est rentrée par l'épaule, près du cou, elle est descendu le long des côtes et est sortie dans le dos", écrit-il à sa famille, quelques jours après.

Il a beaucoup de chance, aucune partie vitale n'a été touchée. Il raconte qu'il se retrouve sous une tente avec les autres soldats évacués; il y a des Français, des Américains et des Allemands. Il retrouve l'abbé Révérend de Gevigney, blessé dans une séquence de combat précédente. Il est ensuite évacué à l’hôpital du Val de Grâce à Paris, pour plusieurs semaines. 

La Division Leclerc reconnaîtra cet acte de courage dans une Citation comportant l’attribution de la Croix de Guerre : « brillant chef de Peloton plein de courage  et de sang froid et connaissant à fond son métier. Le 21 novembre 44 à Hartswiller n’a pas hésité malgré de violents bombardements à pousser une reconnaissance à pied avant d’engager ses chars. A été blessé au cours de cette reconnaissance donnant ainsi le plus bel exemple ». L’Aspirant Falguière[10] prend le commandement du 3ième Peloton en remplacement de Fred. Il est 13 heures.

 

CNE CANEPA 12

 

  

Abandon du passage par la trouée de la Zorn

Après les évènements d'Arzviller, la progression par la trouée de la Zorn est définitivement abandonnée. Alors que Massu débouche dans la plaine d'Alsace, de Langlade donne l’ordre au Capitaine du Hays de se replier sur Plaine de Walsch, un village tout près de Brouderdorff. Il lui donne ensuite l’ordre de s’établir en bouchon à Niderviller puis de rejoindre le G.T. L. sur l’axe Rhétal-Dabo. Ce repli s’avère impossible à cause de la présence d’un Régiment d’Infanterie américaine avec des Escadrons de chars, tanks destroyers et véhicules de toutes sortes qui s’échelonnent sur le mauvais chemin qui revient sur Niderviller.

CNE CANEPA 13

Le départ a lieu cependant vers 15 heures au prix des plus grandes difficultés. A 15 heures 15, Minjonnet, toujours au carrefour du Rhétal reçoit l’ordre de serrer, avec tout son Sous-groupement derrière Massu sur l’axe Dabo. Le PC du Sous-groupement s’installe pour la nuit à Obersteigen. A 18 heures, l’Escadron du Hays est enfin regroupé à Niderviller. Le char « Beauvaisis II » n’a pu être récupéré.  2 Half-tracks, 1 GMC du Génie sont restés embourbés. A 18 heures 30, il est au carrefour du Réthal et Trois Fontaines, puis, il fait mouvement en direction de Dabo et Obersteigen. Il s’arrête à 3 Kilomètres après Dabo et passe la nuit au bord de la route. 

 

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Libération de villages dans les Vosges en novembre 1944

 

L’ennemi est désorganisé

Le poste de commandement du G.T.L. fonctionne à 23 heures au col de Wolfsberg. La pluie est torrentielle. « Toute la nuit du 20 au 21 et tout le jour du 21, un torrent de chars et d’infanterie portée suivi de deux groupes d’artillerie sur chenilles roulait ses flots au travers de la montagne et, comme un raz de marais, s’écrasait à la tombée du jour dans la plaine d’Alsace »  écrira le Général de Langlade.

Le rapport du QG pour la journée du 21 novembre du Général Leclerc est le suivant :

" Au cours de la journée, un nombre considérable de villages ont été libérés, un grand nombre d'ennemis tués (une centaine) ou faits prisonniers (1300). Un matériel important détruit ou capturé. L'ennemi est complètement désorganisé et son repli présente tous les signes d'une déroute. Nos pertes en matériel sont minimes, nos pertes en personnel plus importantes".

Sur l'axe A, le Sous-groupement du Colonel Rouvillois, passé aux ordres de Langlade, s'engouffre plus au nord au passage de la Petite Pierre, taillant en pièce la 361ième  Division d'Infanterie Allemande. La Petite Pierre est occupée à 16 heures, 600 Allemands sont tués et il fait 1400 prisonniers. Sur l’axe B, le Groupement DIO est stoppé sur la route de Phalsbourg, devant la ville, et ne peut arriver à déboucher.  La 44ième  Division US occupe Sarrebourg, Imling, Heims, Niederviller. Par ailleurs, ce  21 novembre est le jour où  la 1ière  Armée Française du Général de Lattre a réussi à faire brèche sur Belfort et à en chasser l’ennemi.

 

Attaque sur  Saverne

Le 22 novembre, la mission du G.T. L. est de s'emparer de Saverne (Sous-groupement Massu) et de pousser aussitôt sur le col (Sous-groupement Minjonnet ), s'en emparer à revers, pousser sur Phalsbourg afin d'ouvrir la porte close au G.T.D. et à la Division américaine arrêtée devant la ville.

Si Minjonnet échoue, l'attaque prévue pour le lendemain sur Strasbourg devient impossible. La 2ième D.B. se serait en effet trouvée coupée de ses arrières, venant du grand axe d'importance vitale qu'est la nationale 4 Saverne - Sarrebourg - Nancy.

À 13 heures 10, Minjonnet court vers le col. Il écrase la résistance après 4 heures  de combat, détruisant 2 Compagnies d'infanterie. Beaucoup de canons enterrés sont placés vers l'ouest et ne servent pas les Allemands contre cette attaque inopinée qui les prend à revers. La désintégration allemande est totale. La route de Saverne est ouverte et permet au Groupement Dio et à la Division américaine, stoppée depuis deux jours, de s'engouffrer à son tour en Alsace. Alors que pendant ce temps, Massu a occupé Saverne et fait 800 prisonniers, de nombreux Officiers et un Général Allemand, expédié le jour même au Général Leclerc.

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 Attaque pour la libération de Saverne

 

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 Libération de la ville

 

23 novembre, libération  de Strasbourg

 À 6 heures 45, les blindés s'élancent de Saverne sur 4 itinéraires indiqués en bleu sur la carte, avec comme objectifs Strasbourg et Kehl :

- Axe nord : le Sous-groupement Rouvillois qui demeure aux ordres du commandant GTL, pour la journée du 23.

- Axe sud : Sous-groupement Massu avec l'État Major du GT L. Le 1ier Escadron du Hays se trouve derrière l'État-major du G.T. L. A sa droite, se trouve le Groupement Guillebon.

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Le début de la matinée est une véritable charge qui déroute toutes les prévisions de vitesse. A 9 heures 30, Massu se trouve à 5 km de Strasbourg face à une résistance qui s'annonce vigoureuse. Des fortifications anciennes, les forts de Pétain et Foch, sont solidement tenues et barrent la route.

Toute manœuvre est rendue impossible par les pluies abondantes qui ont transformées les champs en bourbier. Les chars s'enlisent et on ne peut mettre l'artillerie en batterie. Il s'agit alors de forcer à la grenade et à la baïonnette cet ultime bastion défendu par des tireurs d'élite qui causent au Sous-groupement des pertes sévères en descendant infailliblement tout homme qui sort la tête d'un char. Va-t-on être stoppé et contraint de monter une opération meurtrière? C'est ce qu'envisagent Massu et Langlade avec une certaine angoisse. Guillebon est également bloqué sur la ligne des forts Kleber.

Heureusement, à 10 heures 10, un message triomphal, devenu célèbre, parvient : "tissu est dans iode" à traduire en clair :

"Rouvillois est dans Strasbourg".

 

C'est alors que selon les vieilles méthodes de Cavalerie, Langlade stoppe toute attaque projetée et donne l'ordre de faire demi-tour et rejoindre une bretelle reliant l'axe Massu à l'axe Rouvillois et de s'engouffrer derrière celui-ci. Vers 10 heures 30, le 1ier Escadron du Hays toujours en réserve du G.T.L., reçoit l'ordre de foncer au plus vite sur Strasbourg et de se mettre aux ordres de Rouvillois. La préoccupation immédiate de Langlade est de renforcer par tous les moyens disponibles les maigres effectifs de Rouvillois qui risquent de se trouver noyés dans Strasbourg.

Au même moment, Langlade reçoit un autre message de Rouvillois : " Ayant laissé permanence à la Kommandantur, je fonce sur le pont de Kehl..."

 

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Entrée des chars de la 2ième D.B.dans Strasbourg

Vers 12heures,  le 12ième R.C.A., avec son 1ier Escadron du Hays, est la seconde unité à entrer dans Strasbourg. Elle sera suivie du Groupement Guillebon vers 13heures. A 14heures 30 tout le G.T.L. est dans la ville. L'Université, la Poste, le Pont de la Bourse sont occupés. L'Escadron du Hays s’installe sur la Bismarckplatz. Vers 16 heures, le Général Leclerc donne l'ordre au Capitaine du Hays de rejoindre, avec 2 Pelotons, le Lieutenant-colonel Rouvillois qui continue de se battre comme un furieux, devant le pont du Rhin. Les deux Pelotons du 1ier Escadron ne peuvent arriver jusqu'au pont de l'Ill.

Le char de tête est détruit par une arme anti-char située un peu avant le pont. En ce jour mémorable de la libération de Strasbourg, le Brigadier Chef Luc Coudert et  le Chasseur Jean Gros sont tués. Le Chasseur Christian Langloys et Le tireur Chasseur Antoine Rocca sont blessés et évacués.

La nuit tombante, il est impossible de trouver un autre itinéraire. Le Général annule l'opération.  Le 1ierEscadron est de nouveau regroupé aux abords de Bismarckplatz. Le G.T. L. a 5 chars brûlés et plusieurs Half-tracks détruits. Toutes les casernes sont pleines de "Boches" qui tiennent solidement et font des points de passages forcés de véritables enfers battus par des armes de tous calibres. Ce 23 novembre, Leclerc écrira un simple mot:

"Aujourd'hui j'entrais dans Strasbourg au milieu de la bataille. Nos hommes ont été splendides. Voilà le couronnement. Maintenant, nous pouvons disparaître. La tâche est remplie".

Le 24 novembre, une reconnaissance du 1ier Escadron[11] du Hays[12], rapporte le renseignement que le Général de Corps d'Armée VATERODT, Gouverneur Militaire de Strasbourg, est avec un millier de soldats réfugié dans le fort NEY. Le Général Leclerc donne l'ordre à Langlade d'attaquer et de prendre le fort Ney.

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Les allemands faits prisonniers sont rassemblés Place kléber.

 

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 Place kléber.



[1] depuis 11 novembre en remplacement du Lieutenant Boucher  

[2] 13 400 militaires français, 35 000 allemands seront tués pour l'ensemble des forces mobilisées. La 2ième D.B. aura, environ 2000 pertes dont 425 tués.  20 000 prisonniers allemands seront faits. 

[3] commandant le 15ième Corps d’Armée US

[4] Axe a) Réchicourt, Grondexange, Rauvwiller, la Petite Pierre, la vallée de la Zinsel, Dossenheim,

Axe b) : Lorquin, Sarrebourg, Phalsbourg, col de Saverne, Saverne

[5] Comme l'indique la lecture sur carte de ces itinéraires de principe,  l'option descente des contreforts des Vosges par la route du DABO (axe D), finalement suivie par tout GTL et le GTW, n'était pas l'option initialement prévue pour le sous - groupement Minjonnet ( axe C )

[6] 200 allemands sont tués, et il est fait 600 prisonniers.

[7] Jean Paul Martinelle Président du groupement UIACVG (Union des Invalides et Victimes de Guerre) de Buhl-Lorraine et de Schneckenbusch.

[8] 4ième Régiment de Marche des Spahis Marocains

[9] Les snipers allemand se sont d’ailleurs fait une sérieuse réputation de tireurs d’élites.

[10] Le 5 février 1945, lors de la prise du village de Ohnenheim en Alsace, dans le cadre d’une reconnaissance effectuée par le 1ier Escadron, l’Aspirant Falguières sera tué d’un coup de bazooka à la tête. 

[11] Peloton du Sous-lieutenant de La Pontais

[12] Le 25 novembre, le Capitaine Humbert du Hays malade est évacué et remplacé au commandement du 1ièr Escadron par le Capitaine Jacques de Parcevaux.


 

 

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Commentaires
G
si on avait des de gaulle et leclerc a la place de gamelin en 40 les allemands aurai pris une branlee
C
Bonjour monsieur Baleyte, je vous remercie de votre commentaire. Effectivement l'article "Chronique de guerre d'un Officier de Cavalerie, le Capitaine Canepa" est une chronique historique partielle de la libération de Strasbourg. La ligne conductrice du récit était de suivre le parcours de combat du GTL Langlade et plus particulièrement le 1ier Escadron de Chars de combat du 12 ième RCA ( celui du Lieutenant Canepa, alors Chef du 3ième Peloton) . Si l'ambition était de raconter globalement l'ensemble de l'offensive du GTL et plus de toute la 2ième DB incluant l'action du 12ième Cuirassiers du Lt- Colonel Rouvillois, je me suis vite rendu compte de l'ampleur de la tâche, compte tenu que le principe d'une chronique est de raconter les faits jour par jour. Dans cette histoire, il y a beaucoup de vies humaines et l'écriture de chronique demande une grande exigence de rigueur qui demande du temps de recherche, de façon à ne pas commettre d'erreurs, sachant que ces travaux peuvent être lus par de nombreuses familles directement concernées par ces évènements. Entre le début de l'offensive du 13 novembre 44 à la libération de Strasbourg le 23 novembre, il se passe énormément d'évènements. A ma connaissance, les travaux d'historiens - existant sur la libération de Strasbourg - analysent le évènements de façon synthétique sans forcément entrer dans le détail des combats. La chronique du 12ième Cuirassiers et en particulier du 2ieme Escadron serait très intéressante à faire. A la fin de la chronique de guerre du Capitaine Canepa parue sur le Blog des Anciens du 12 RCA, vous trouverez une bibliographie succinct dont notamment les ouvrages très intéressant des Généraux de Langlade et Gribius qui évoquent les actions du 12ième Cuirassiers. <br /> <br /> Trés cordialement - Bertrand Canepa.
B
Il est peu ou pas citer le 12 Régiment de Cuirassiers ( Lt-Colonel Rouvillois) et le 2° Escadron (Cne Compagnon ) et le 1° peloton ( Lieutenant Briot de La crochais) et du char EVREUX ( Mdl Gélis)
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