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Chroniques de guerre
16 décembre 2013

Page 4 Janvier 1945 – Campagne d’Alsace Depuis la

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Janvier 1945 – Campagne d’Alsace

 

Depuis la libération de Strasbourg, a commencé le 27 novembre 1944 la campagne d'Alsace qui prendra fin le 15 février 1945. Elle durera 82 jours dans le froid et la neige. Les armées se battirent 45 jours par une température stabilisée à - 10  avec, certains jours, jusqu'à – 18, dans une région qui prit l'aspect du Grand Nord. Cette bataille sera particulièrement sanglante et coûtera de lourdes pertes de part et d’autre. L’Alsace partagera – avec la Normandie – le triste privilège de la province la plus affectée par l’acharnement des combats. Plus de 20 villages seront détruits.

 

La 2ième D.B. passe aux ordres de la 1ière  Armée

 

La 2 D.B. est passée aux ordres[1] de la 1ière Armée Française du Général de Lattre, au grand désarroi de Leclerc. Elle reçoit l’ordre d’occuper un secteur de 30 km sur le front de la 1ière Armée qui est au total de 210 km. Pour cette occupation, elle est renforcée par 7 Bataillons d’infanterie[2]. Elle conserve une partie des moyens dans la zone ouest de Strasbourg. Le Chef d’Escadrons Gribius prend les fonctions de Commandant en second du 12ième R.C.A. et remplace le Colonel Minjonnet à la tête de son Sous-groupement. Celui comprend:

 -   le 3ième  et le 4ième Escadron de chars du  12ieme R.C.A.[3],

 -   les 7ième et 8ième Compagnie  du 2ième Régiment de Marche du Tchad  ainsi qu’un Peloton de Tank Destroyers du 4ieme RBFM.

 

Le 19 janvier 1945, à sa  sortie de l’hôpital du Val de Grace à Paris, à peine remis de sa blessure, Fred  rejoint le  12ième Chasseurs au 4ième  Escadron de Chars. Il est alors Lieutenant en premier, adjoint au Capitaine Baillou. Il participe à la reprise de Kilstett et à la réduction de la poche de Colmar dans le secteur de Neuf-Brisach. Les Chefs de Pelotons de l’Escadron sont le Sous-lieutenant de Miscault, le Sous-lieutenant Picquet, les Aspirants Dufour et Catala, l’Adjudant-chef Jeandet.

 

Contre-offensive allemande dans les Ardennes

Les mois de décembre 1944 et janvier 1945 sont marqués par une nouvelle contre offensive allemande menée par Général Van Rundstedt, imposée par Hitler. Elle s’engage dans les Ardennes, prenant au dépourvu les Alliés[4]. Les Allemands assiègent Bastogne le 20 décembre. Le 25, ils sont à 7 km de la Meuse. Saverne et Sarrebourg se retrouvent menacés.

Face à cette menace, le Général Eisenhower donne l'ordre à toutes les troupes de la 7ième Armée US d'abandonner Strasbourg et de se replier jusqu'au col de Saverne et du Dabo. Le Général Leclerc, apprenant l'intention du Commandement américain d'abandonner Strasbourg pour raccourcir le front, fera tout ce qu'il faut pour s'y opposer. Fort ému, il dépêche un Officier auprès du Général de Gaulle, porteur d'un message typique de son caractère et de sa détermination :

« Si cet ordre (de repli) est vraiment donné, nous n'avons qu'une seule chose à faire, la Division tout entière doit passer en Alsace et se faire tuer sur place, jusqu'au dernier homme, pour sauver l'honneur de la France ».

Au final, le 3 janvier Eisenhower, convaincu par Churchill et de Gaulle, renoncera à ce repli abandonnant Strasbourg. Le 16 janvier, l’offensive des allemands dans les Ardennes est brisée.

 

La menace allemande sur Strasbourg se précise

Le 7 janvier, l’offensive allemande se rapproche avec des attaques au nord et au sud de Strasbourg. C’est l’opération "NORWIND". Le 20 janvier, une nouvelle contre attaque allemande - visant à reconquérir l'Alsace et Strasbourg - est déclenchée entre Gambsheim et Brumath. L’infanterie allemande occupe Kilstett. Un Bataillon de la 3ième DIA[5], le bataillon de Seguin de Reynies y est encerclé et voué à la destruction.

Le 21 janvier, le 4ième Escadron Baillou et la 7ième Cie Fonde se tiennent à Oberhausbergen. La neige tombe à gros flocons pendant 9 heures. La couche atteint 60 cm. A 22 heures, le téléphone du PC du Lieutenant-colonel Gribius commence à se déchaîner. Le Sous-groupement doit se porter à Hoenheim pour une intervention probable dans la région de la Wantzenau.

Le 22 janvier, 3h 30 du matin, Gribius est alerté. Il doit se tenir prêt à partir de 5 h pour un ordre de départ qui arrive à 5 heures 15. La mission est de dégager le Bataillon de la 3ieme DIA, encerclé à Kilstett. Sont mobilisés sur l'opération, la 7ième Cie du Tchad et les 3ième et 4ième Escadrons de Chars du 12ième R.C.A. Gribius attaquera en deux détachements, débouchant de la Wantzenau. Chaque Détachement regroupe un élément de la 7ième  Compagnie et un élément du 12ième Chasseurs :

-  celui du Capitaine Mollo et du Capitaine de Bort (3ième Escadron), glisseront le long de l’Ill au travers du bois longeant la rivière ; ils attaqueront Kilstett par l’Est. Le Bataillon DESTREMAU de la 3ième DIA suivra dans le sillage de l’attaque de Bort, pour occuper Kilstett, aussitôt repris.

-  celui du Commandant Fonde et du Capitaine Baillou (4ième Escadron) devront  progresser par la route et attaqueront Kilstett par l’Ouest.

Les Pelotons de chars quittent Frudenheim, gagnent la Wantzenau par Hohenheim. Le 4ième  Escadron part à 6 heures[6]. Vers 7heures 30, l’élément de tête arrive à Hohenheim, suivi des autres unités engagées. A 8heures 30 arrive un dernier message du Commandant de Reynies, pris au piège : « faites vite, le hallouf est dans le douar ». La traduction est « faites vite le cochon sauvage est dans le village ». L’attaque est déclenchée à 9h 15 selon le dispositif prévu.

 Ce que l’on peut lire dans le journal du Sous-groupement :

" 9h 15, c'est le départ du 4ieme Escadron protégé par des tirs de 57 et de mortiers.

9h 30, à la prise de contact, le char "le Périgord" est touché par le Panzerfaust. Le 1er Peloton se déploie à gauche de la route. Le Peloton  Dufour reste sur l’axe et prend à son compte la mission de Miscault d’atteindre la voie ferrée. Le Peloton Catala se déploie à l’est de la voie ferrée. Les tirs d’artillerie fusent de part et d’autres.

9H 45. le 3ieme Escadron ( Bort ) se met en position entre la voix ferrée et les étangs pour aider de ses feux le 4ieme Escadron et le Bataillon.

10 h le Peloton de Miscault est arrêté sur la route, alors que le Peloton Catala progresse sans difficulté à droite de la voie ferrée. Le Commandement décide alors d’engager le détachement Bort–Mollo, sur la droite.

11h 15 passage de Dufour au carrefour S.O. de Kilstett.

11h 30 le détachement Fonde–Baillou pénètre dans le village. Entrée du Peloton Catala dans Kkilsttet par les lisières sud et arrivée jusqu’à l’église. Il fait la liaison avec le Bataillon encerclé et commence le nettoyage.

11h 50 arrivée de Dufour qui tient le passage à niveau Nord.

12h Contact du Peloton Dufour avec les chars ennemis. Un Panther est détruit par le « Guyenne II » .

13h, deux chars de Miscault sautent sur des mines à 50 m à l’ouest du carrefour de Kilsttet, le « Bordelais II » et l’ « Aunis » sont atteints.

14h le deuxième Panther est détruit par le Peloton Dufour (Guyenne II). Le « 25 août » a reçu une rupture dans le barbotin.

14h 30 arrivée de Catala aux lisières NE de Kilstett. Arrivée dans le village de l’élément Bort–Mollo. Au cours du dépannage des chars de Miscault, le « Saintonge » reçoit un obus de gros calibre sur la partie avant. Accélérateur coincé rentrera à vitesse réduite.

16h 30 retour du Peloton de Miscault moins l’ « Aunis » qui restera sur le terrain et ne sera récupéré que le 23 pendant la nuit protégé par le Peloton d’éclaireurs. Les chars reviennent à Oberhausbergen."

La bataille dure toute la journée sur un front extrêmement étroit. Il faut 7 heures pour paralyser les dernières résistances et être entièrement maître de Kilstett. L'ennemi se défend avec fanatisme, en se battant pied à pied jusqu’à la mort et en refusant de se rendre. Il s’agissait du Régiment Marbach, composé entièrement d'élèves Sous-officiers fanatisés. Il n’y avait pas un seul deuxième classe.

Ce corps avait été ainsi formé, car les cadres dépassaient en nombre les effectifs décimés de la troupe. Ils s’étaient formés en corps d’élite comme le prouve l’acharnement des combats. Côté allemand, on décompte 400 cadavres et 350 prisonniers. Le Sous-groupement Gribius a détruit 3 Panther et 4 canons auto porteurs. Attaques et contre attaques vont se multiplier jusqu’au 25 janvier. Les Français forment des poches de résistance dans les villages. Les assauts allemands finissent par s’essouffler. Strasbourg est sauvé. Pour cette opération, le G.T. L. de la 2ième D.B. constitué de la 7ième Compagnie du Tchad et des 3ième et 4ième Escadrons de chars du 12ième R.C.A. sera cité à l’ordre de la 1iere Armée Française :  

« Le Général d’Armée de Lattre de Tassigny, Commandant en chef la 1ier Armée Française, cite à l’ordre du Corps d’Armée le Groupement Tactique Langlade de la 2D.B. . Engagé le 2 janvier 1945 aux ordres du Général de Langlade, en soutien de la 3ième  DIA, est intervenu de façon décisive pour briser le dernier assaut allemand en direction de Strasbourg. Après une étape de nuit difficile par la haute neige, s’est porté résolument à l’attaque pour dégager un Bataillon de tirailleurs, encerclé depuis la veille à Kilstett par des forces supérieures. Par la soudaineté et la violence de son intervention a complètement surpris l’ennemi, l’a mis en déroute, lui infligeant de lourdes pertes et lui faisant une centaine de prisonniers ». Citation en date du 21 avril .

Le Général de Langlade écrira : « Notre plus belle récompense était d’avoir délivré le Bataillon REYNIES avec le Capitaine VALENTIN et sauvé celui-ci d’une mort probable ou de la captivité, ce qui était pire. ».

 CNE CANEPA 21

Capitaine Baillou commandant le 4ième Escadron et le Commandant Fonde

 

L’offensive des Alliés pour réduire la poche de Colmar

L’offensive de la 1ière Armée du Général de Lattre sur Colmar a déjà été remise plusieurs fois, priorité étant donnée au verrouillage de l’offensive Von Rundstedt dans la région de Strasbourg. De Lattre veut en finir après 3 mois de batailles acharnées car son armée est dans un grand état de fatigue. C’est le dernier round avant le franchissement du Rhin. L'offensive est déclenchée le 22 janvier par  2ième Corps d'Armée Montsabert qui bénéficie de l'appui :

 -      de la  3ième  DIUS ( 21ième Corps d’Armée US du Général Milburn ),

 -      de la 1ière  DFL et des éléments de la 5ième  D.B.,

 -       la 2ième  D.B. avec son G.T. W. puis, à partir du 2 février du G.T. L. avec les Sous-groupements Massu et Gribius.

 

Cette offensive a comme point de départ le sud de Sélestat et comme objectif Colmar. Les objectifs successifs sont Illhaeusern, Marckolsheim et le Rhin. La bataille s'engage dans des conditions climatiques très difficiles. Le Général de Lattre raconte : 

« Le choc est violent. Dans l’aube glaciale sur la plaine couverte de neige, des ombres fantomatiques avancent, ombres démesurés des chars peints en blanc, ombres innombrables de fantassins revêtus de cagoules ».

Le Général de Langlade apporte également des éléments qui en disent long sur (ces ?) des conditions :

« Il fait 20° au dessous de zéro, le vent souffle et il y a 1 m de neige. L’Ill et ses nombreux affluents gonflés par les crues, débordent dans les prairies transformées en banquises chargées de hmocks ( ?) de glace. Soit au contraire,  les 1 et 2 février, le terrain se transforme  en marais de la préhistoire suite à un relèvement brutal de la température. Le thermomètre étant passé de -21° à + 4° ».

Les Français souffrent du handicap du matériel - notamment blindé. Le Sherman est surclassé par le Tigre et le Panther. On assiste à de grosses difficultés dûes à des opérations insuffisamment préparées ou à un manque de coordination de commandement entre les différentes unités de l’armée américaine et de l’armée française.  Un certain nombre d'incidents ont lieu.

Au franchissement de l’Ill à l''Illausern, le Groupement Tactique Guillebon perd en quelques heures 135 hommes dont 12 Officiers, dont le Lieutenant-colonel Putz et le Capitaine Puig. Pendant ces journées critiques, la tension entre le Général de Lattre et le Général Leclerc ne cesse de croître. Ce dernier supporte de moins en moins sa subordination au Chef de la 1ière Armée Française, en désaccord avec lui sur l'emploi des Divisions Blindées. Selon Leclerc, de Lattre est réduit à piocher dans la 2ième D.B., les Pelotons et Escadrons de chars pour accompagner ses fantassins à l'attaque, au lieu de les utiliser pour l'exploitation, les détournant de leur raison d'être et les exposant à être débitées au détail. Il est certain que l’utilisation optimisée et à bon escient des blindés, par Leclerc, a permis de réduire les pertes en vies humaines de soldats.

 

Le Lieutenant Canepa prend le commandement du 4ième Escadron de Chars

Le 26 janvier, Fred prend le commandement du 4ième Escadron de chars, en remplacement du Capitaine Baillou, en permission. Il assure cette fonction durant la phase de liquidation de la poche de Colmar, dans le secteur de Neuf–Brisach. Avec le Sous-groupement Gribius, le 4ième Escadron gagne Duppigheim où il y restera jusqu’au 3 février[7], en position d'attente.

Le 4 février, l'ordre d'opérations pour le G.T.L. est d'appuyer le 21ième CAUS dans son attaque entre l'Ill et le Rhin. La 75ième DIUS, à droite entre l'Ill et le canal du Rhône au Rhin doit pousser jusqu'au canal Vauban pour y établir une tête de pont. La 3ième DIUS, à gauche entre le canal et le Rhin, doit forcer le passage entre Neuf-Brisach et le Rhin. Le G.T. L. doit passer dès que possible à la phase d'exploitation. L'objectif final est le pont de Chalampé, dernier pont permettant aux troupes allemandes, en retraite, de passer de l'autre côté du Rhin. 

Massu se tiendra derrière la 75ième DIUS. Gribius se tiendra derrière la 3ième DIUS, prêt à dépasser et occuper  les villages de Rustenhart, Hirtzfelden, Fessenheim, Balgau, avec reconnaissance sur Blodelsheim. Cette bataille se déroule dans des conditions de combat imprécises. Le Général de Langlade apprend par hasard que la 28ièmeDI doit effectuer des concentrations massives d'artillerie sur les villages de Dessemheim, Rustenhart et Hirtzfelden, villages qui sont sur l'axe d'exploitation de Massu. Celui-ci n'a que le temps - de justesse - de sortir du guêpier[8]. Quant au Sous-groupement Gribius il doit être prêt à exploiter sur une bande de 3 km, en défilant devant, d'un côté toutes les défenses ennemies de la rive droite du Rhin, de l'autre devant les Divisions alliées attaquant en face...Ainsi, après avoir roulé 36 km en tout terrain détrempé par le dégel au prix d'une grande fatigue, il aurait - sans un hasard heureux - dû recevoir tous les projectiles de la préparation d'attaque amie...

CNE CANEPA 22

 

Le 6 février : la prise d’Obersaasheim

Après deux attaques de nuit, la 3ième DIUS réussit à forcer le passage entre Neuf-Brisach et le Rhin. Elle s'est emparée à l'aube de 3 villages. Il est 4 heures, Gribius rend compte au Général de Langlade qu’il déclenche le mouvement en vue de l’exploitation vers Boldesheim.

Après avoir contacté le PC des Bataillons, il lui apparaît immédiatement que l’ennemi s’est replié sur de nouvelles positions et que l’heure n’est pas encore à l’exploitation. Il modifie en partie le dispositif prévu et décide de s’emparer d’Obersaasheim, par une action de force brutale et une manœuvre enveloppante vers l’ouest. Par suite d’un faux renseignement, il ne peut réaliser sa manœuvre par le carrefour 197 qui lui avait été annoncé libre mais qui était très fortement occupé. Obersaasheim va être enlevé après de violents combats. 

« Tout le Sous-groupement est engagé dans un étroit couloir en pleine vue de l’ennemi ce qui provoquera, malgré un rideau fumigène, la mise hors combat de 80 hommes » écrit Gribius.Le tir déclenché sur Obersaascheim permet une avance du Détachement Fonde - Canepa. Le 4ième Escadron part de Markeenheim à 8heures sur l'itinéraire Artzenheim – Kunheim - Biesheim…jusqu’à Algosheim. Fred fait une reconnaissance du terrain d’attaque avec ses chefs de Pelotons, puis il engage l’attaque. Le Peloton de Miscault débouche en tête à 11heures, par la route Algosheim – Oberssaasheim et progresse déployé, à gauche de la route.

Le Peloton Dufour démarre deuxième puis dépasse Miscault sur sa droite.

Le Peloton Catala progresse sur la partie Est d’Oberssaarheim.

Le Peloton Dufour pénètre dans le village par le nord et détruit un Jagtpanther et une arme anti- char. Il effectue  une liaison dans la partie Est du village avec le Peloton Catala. Ces deux Pelotons se portent aux lisières sud d’Obersaasheim. Il est environ 14heures.

Cependant le Peloton de Miscault a poussé sur la partie ouest du village. Le char « AUNIS » (Chef Allouin ) détruit 2 Panther au sud d’Obersaarsheim. Il est pris lui même, à deux reprises, par des ruptures tirées d’Heiteren. Un demi Peloton du TD tente d’appuyer les chars. Un de ses destroyers est pris dans une rupture. Le deuxième est mis hors de combat par un explosif qui lui perce le radiateur.

« Bordelais II » se met à couvert quelques mètres tandis que « Aquitaine II » reste derrière une maison près de l’ « Aunis ». Un violent tir de mortier et explosifs de chars a commencé sur le village, dès le début du nettoyage. A la fin de l’opération, deux chars amis qui débouchèrent vers Heiteren sont touchés à la sortie Est d’Obersaascheim.

Le 4ième  Escadron connaît des pertes sévères au cours de ces violents combats. Les tirs atteignant le char « Aunis » ont tué le Chasseur Boileau et le Chasseur Froz. Sont blessés, le Brigadier-chef Truchot, le Chasseur Gaston Lévy, le Chasseur Verbruggen, blessé à l'oeil, ainsi que le Sous–lieutenant de Miscault, blessé à l’épaule et à la jambe gauche.

Pendant la nuit du 6 au 7, alors que ce n'est pas l'ordre, un Bataillon de la 75ième DIUS arrive à Obersaasheim pour relever le Sous-groupement Gribius. Tout ce monde est alors obligé de s'entasser dans le village et de partager les obus qui pleuvent toute la nuit, provenant en nombre de l'artillerie du 75ième DIUS… Au matin, tandis que Gribius démarre pour poursuivre la mission, Oberssaasheim se trouve menacé par un Bataillon du 75ième DIUS. Fort d'un ordre d'opération datant du 6, la Division américaine reconnaît avoir harcelé de quelques 300 coups de 105, le village occupé par un Bataillon de sa propre Division et par le 4ième Escadron du 12ième  R.C.A.. Le 4ième  Escadron est réduit aux deux Pelotons des Aspirants Catala et Dufour.

Le « Gascogne III » a eu, lors des combats de la veille, ses parties moteur enfoncées par un explosif. Fred, en tant que commandant le  4ième Escadron,  est de nouveau cité à l’Ordre de la Division LECLERC :

« montre au cours de la prise d’Obersaasheim un sens tactique et manœuvrier de premier ordre . A participé à la capture de 250 prisonniers, à la destruction de 2 chars et de 2 canons anti chars ».

 Fred écrira qu’il  « avait fait peu de sentiments, surtout à Obersaarsheim où il faut bien le dire ça n’était pas très gai. ça ne fait rien, on riait même pas mal…et, il faut bien le dire, ce n’était pas un rire nerveux mais réfléchi et mûrement consenti ».

 

CNE CANEPA 23

 

 Le 7 et 8 février : la prise de Fessenheim

À 9 heures 40, le Peloton Dufour débouche des lisières S.E d’Obersaasheim et se porte par tous terrains, à l’Est d’Heiteren. Lorsqu’il est arrivé à la hauteur des premières maisons, le Peloton Catala démarre à son tour et pousse jusque dans le village et le nettoie. L’Escadron se regroupe à Heiteren pendant que le 3ieme Escadron attaque Balgau, malgré une résistance ennemie de plus en plus forte).

À 13 heures, le 4ieme Escadron pousse jusqu’à Balgau avec pour mission de prendre Fessenheim. Le Peloton Dufour doit déborder le village par l’ouest et se poster aux lisières sud. Le Peloton Catala qui ne doit démarrer qu’une fois la route d’Hirtzfelden – Fessenheim atteinte, sera chargé du nettoyage.

Le Peloton Dufour débouche à 17heures et progresse le long de la voie romaine. Vers 17heures 15, le char de tète « Guyenne II » est touché à deux reprises par rupture. La progression ne dépassera pas ce point. Les chars à court de munitions, se replient de 500 m, en se couvrant de fumigènes.

Ils se déploient face à Fessenheim et restent en position jusqu’à la nuit. Puis ils se replient sur Balgau. Ce jour là, il y a eu 5 tués au 4ième Escadron : Antoine Garcia, Marcel Uresteratzu, ("Guyenne II"), Henri Andrieu, Victor Kervich, Marius Kerviel. Il y a 10 blessés. 1 char a été détruit ("Guyenne II"). Le 8 février, à 7heures 45,  l’attaque est reprise sur Fessenheim. Le village a été violemment bombardé par mortier durant toute la soirée et la nuit. Le Peloton Catala prend en charge le nettoyage du village. En liaison avec la 1ier Armée, le village est évacué dans la nuit et occupé sans pertes.

CNE CANEPA 24

 Sous–lieutenant de Miscault Chef de Peloton au 4ième Escadron du 12 R.C.A.

 

CNE CANEPA 25

 Hommage aux camarades tombés du 1IER  Peloton du 4ième Escadron de Chars du 12 R.C.A.

 

CNE CANEPA 26

 Chasseurs du 4ième Escadron du 12 R.C.A rendant hommage à leurs camarades tombés au champ d’honneur

 .

Le départ des Allemands du sol français

Après ces derniers combats, la poche de Colmar est définitivement réduite. Les Allemands repassent le Rhin. Le Général Eisenhower, Commandant en chef des Forces Alliées de l’ouest ne tarira pas d’éloge pour l’Armée Française :

« Cette victoire, remportée en affrontant des conditions difficiles de climat et de terrain, est un exemple exceptionnel de travail d’équipes alliées au combat. C’est un tribut à l’habileté, au courage et à la détermination ». 

Le 12 février, la 2 D.B. cesse de compter à la 1ier Armée Française et passe sous les ordres de la 7ième Armée Américaine. Le 14 février, le Capitaine Baillou reprend le Commandement du 4ième Escadron.

Le 16 février, l’Escadron se porte sur Chanville près de Metz. Le 1ier mars, épuisé par des mois de combats continus, le 12ième R.C.A. se retire d'Alsace. Il est mis au repos dans la région de Châteauroux où son matériel est remis à neuf. Fred est promu au grade de Capitaine[9].

Le 15 mars, le Général Leclerc vient remettre la palme à l’Etendard au Régiment. Figés au garde à vous, Officiers, Sous-officiers, Chasseurs, entendent avec fierté la lecture de leur Citation à l’ordre de l’Armée. (Cf. doc original Citation du Régiment) :

« Régiment de chars qui sous les ordres du Chef d’Escadrons MINJONNET n’a cessé de battre l’ennemi partout où il a été engagé. Après avoir, dans de nombreux combats, brisé la résistance en Normandie et dans Paris, a conquis les 13 et 14 septembre la position de Damas, résistant à deux violentes contre-attaques ennemies et détruisant 21 chars Panther au cours de 30 heures d’une lutte ininterrompue. A ainsi réalisé un des plus beaux faits d’armes, depuis le débarquement allié du 6 juin. Depuis le 9 août, a détruit un total de 60 véhicules ou matériels de combats dont 40 chars, 4 obusiers de 150, 14 canons antichars, mettant hors de combat ou capturant un nombre très élevé d’ennemis » Fait à Paris, le 17.12.44. Signé : Charles De Gaulle.

 

CNE CANEPA 27

 

 

 

Avril 1945 - La réduction de la poche de  Royan

 

L’opération Vénérable

L’État Major de la Défense Nationale décide à la fin du mois de mars 1945, de mettre la 2ième  D.B. à disposition du Général de Larminat, Commandant de l’armée de l’atlantique. C’est l’opération "Vénérable". Elle doit mettre fin à la résistance allemande à l’intérieur de la poche de Royan, une des forteresses que le Haut Commandement allemand entend bien défendre pour empêcher l’utilisation des ports par les alliés. Les côtes sont défendues par de nombreuses batteries côtières du mur de l’Atlantique.

À l’intérieur, l’ennemi est retranché derrières plusieurs lignes fortifiées. Les avants postes sont solidement défendus par des champs de mines en grande densité et par une ligne de défense comportant trois importants ouvrages : Vaux, Jaffe, Belmont. L’ensemble totalise 5000 hommes, 200 ouvrages bétonnés, 100 pièces d’artillerie, 200 000 mines.

Malgré le bombardement aérien du 5 janvier 1945 qui détruisit presqu’entièrement la ville de Royan, les défenses militaires allemandes sont intactes. Les troupes allemandes continuent à résister à la pression des troupes françaises. Cette guerre de position n’évolue guère. La situation s’éternise. Si des renforts sont arrivés au début de l’année, ils apparaissent insuffisants  pour mener à bien une attaque générale de la poche de Royan.

Pour cette opération « Vénérable », le Général de Larminat a prévu d’engager plusieurs unités de blindés. Le Général Leclerc affiche son désaccord avec l’État-major sur l'envoi de sa Division, préférant poursuivre le combat de l’autre côté du Rhin. Un certain nombre d’Unités d’infanterie, de chars, d’artillerie, de génie, de train ainsi que le Bataillon médical de la 2ième D.B., représentant 10 000 hommes des  trois Groupements tactiques ( G.T. D., G.T. L, G.T. .R ) seront présentes[10].

Au cours de l’opération, la 2ième  D.B. aura 21 tués et 52 blessés[11].

Le 8 avril 1945, le 4ième  Escadron de chars quitte Saint Genou, embarque sur voie ferrée à Villedieu, débarque le 9 à St Jean d’Angely puis gagne Villemarin par la route. Le 12 avril, il gagne Saint Germain-du-Seudre. Le 13 avril, les 3ième et 4ième Escadrons de Chars sont aux ordres du Colonel Adeline, Commandant le Groupement Sud.

Ils prennent une position de tir masquée à Maine Moutard en vue de l'attaque de Royan prévue le lendemain. Le 14 avril à 6h 35, l’attaque de Royan commence avec ouverture des feux. L’Escadron exécute différents tirs masqués durant toute la journée, en appui d’infanterie sur l’axe de progression Semussac –Meschers. Les Chasseurs Merase et de Maismont, chargeurs sur les chars "Médoc II" et "Sancerrois" sont blessés le matin en engageant un obus.

Le 15 avril, l’Escadron continue sa mission toute la matinée. A 12 heures, il se porte à l’ouest de Saujon d’où il exécute des tirs masqués sur Fonbedeau. Les chars « Armagnac II », « Bordelais II », « Aquitaine III » tirent à vue sur les casemates devant Fontbedau.

Le 16 avril, l’Escadron a la même mission de tirs masqués et directs sur Fontebeau. Vers 15heures, un détachement[12] du 4ième Escadron, sous les ordres du Capitaine Canepa, est mis à disposition du Sous-groupement Pallu ( Groupement Est ) sur l’axe Fontbedeau, Mornac, Breuillet. La mission est de nettoyer la région comprise à l’ouest des lignes de résistance ( Fontbedeau ) et le sud de l’embouchure de la Seudre.

Le Peloton de Miscault, avec une Compagnie d'infanterie, a pour mission de nettoyer Breuillet. Il arrive vers 17 heures à Breuillet. Le groupe du Chef Forest nettoie la partie Est. Il se porte ensuite vers des batteries se trouvant au sud-est de Breuillet. Ils détruisent sans résistance 2 canons sous casemates et font quelques prisonniers.

Le Lieutenant Miscault et le groupe de droite - guidé par un prisonnier- se postent à 1 kilomètre  environ de Breuillet. Le Lieutenant pousse à pied avec le Lieutenant Commandant la Compagnie d’infanterie. Ils font 27 prisonniers et récupèrent 4 canons de 88. Le soir, le Peloton Miscault se regroupe au Grallet avec le Capitaine  Canepa. Il y restera jusqu'au 17.

Le Peloton Catala avec une Compagnie d’infanterie nettoie 2 fermes à gauche de la route à hauteur de Fontbedeau. Il y fait 200 prisonniers et détruit 4 canons dont 2 pièces de marine. Cependant, le Peloton Dufour avec le Capitaine Baillou, sous les ordres du Lieutenant de vaisseau Richard du RBFM se poste à Etaules par Saujon, Medis, Bernon, St Augustin. Le MDL Aguila est blessé par balle près d’Arvert. 

Ce jour, le Colonel Gribius est blessé,lui aussi. Il est remplacé à la tête du Sous-groupement par le Capitaine d’Alençon. Dans une Lettre, Fred écrit : "en 3 jours notre rouleau compresseur a fait table rase et toute la région de Royan est libérée"

Le 22 avril a lieu une Prise d’armes marquant la fin des opérations de Royan, au cours de laquelle un Peloton de chars du 4ième  Escadron défile devant le Général De Gaulle.

CNE CANEPA 28

 

 

 

Fin de la guerre

 

De l’autre côté du Rhin

Le 21 avril, la 2ième  D.B. est appelée en Allemagne. Le 25, c’est le départ des véhicules à roues vers l’Allemagne et le 28, le départ de Cognac par voie ferrée du reste de l’Escadron. Le 30 avril, l’Escadron débarque à Brumath, franchit à 9heures 15 la frontière franco-allemande et le Rhin au port de Rastatt. Il traverse Brumath, Rastatt, Ettlingen, Neuenbürg, Pforzheim, Bretten, Eppingen, Heilbronn, Weilsberg, Behringen. Il arrive à Hall à 22h.

Le 1ier mai, le 12ième  R.C.A. est regroupé à Augsbourg. Il arrive trop tard pour les derniers combats. Le 2 mai, l’Escadron cantonne à Tannhausen. Le 4 mai, les forces françaises se répandent dans l’Allemagne du sud. Un détachement de la division Leclerc s’empare du nid d’aigle. Dans le courrier du jour, Fred écrit que «  Munich n’existe plus. Il n’y a que des femmes. Les enfants nous regardent de loin, les femmes à travers les volets. On sent que des centaines d’yeux nous épient. Ordre de ne pas adresser la conversation aux populations. Il n’y a vraiment aucun homme. Tout est démoli, des femmes et des enfants ça et là travaillent dans des ruines, je ne sais pas à quoi »

Le 5 mai, l’Escadron arrive à 4 heures à Lenterschondorf sur le lac d’Ammersee où l’Escadron cantonnera jusqu’au 25 mai. Le 8 mai, c’est la capitulation Allemande à Berlin, en présence du Général de Lattre.

Le 19 mai, une grandiose cérémonie est organisée à Klosterlechfeld. La 2ième D.B. défile devant le Général de Gaulle sur le terrain d’aviation de Kandsberg. 3 chars du 4ième Escadron prennent part au défilé  de la Division. Le 25 mai. L’Escadron quitte Lenterschondorf et traverse Landsberg, Buchlatz ,Mindelheim, Memmingen, Steinheim, Biberadn Ried lingen.

Un mouvement de la 2ième D.B. qui se fait  « sous les pleurs des filles et femmes qui nous voient partir », écrit le Capitaine Canepa.

Le 26 mai, il prend le chemin d’Engstingen, Reutlingen, Tübingen, Karlsruhe, Rastatt. Le 27 mai, l’Escadron franchit la frontière franco-allemande à Kehl, passe sur le Rhin à 2 heures 30 du matin, arrive à Ichratzheim entre Strasbourg et Sélestat à 4 heures.

Fred raconte dans son courrier à sa famille qu’il a quitté, il y a 3 jours : « les bords enchantés et enchanteurs » du lac d’Ammersee en Allemagne, où il a passé plus de 15 jours. Il fait un commentaire qui en dit long sur l’épreuve des combats à la fin de cette guerre : « Dommage que la guerre soit finie car j’aurais eu une Croix de Guerre chargée, j’aurais eu peut être aussi une bonne petite croix de bois ! c’est assez bien porté aujourd’hui… »

 

Le temps de la reconnaissance et des adieux

Le 31 mai, le 4ième Escadron avec ses chars embarque à 4 heures dans le train, gare de Strasbourg. Il arrive à Souppes, près de Montereau, à minuit. Le 2 juin, l’Escadron stationne à Nemours puis à Fontainebleau. Le 11 juin, ce sont les adieux du Général de Langlade. Au cours de cette Prise d’Armes, une lecture est faite d’une nouvelle citation du 12ième R.C.A. à l’Ordre de l’Armée:

« Régiment de Cavalerie d’élite qui, sous les ordres du Lieutenant-colonel Minjonnet et du Chef d’Escadrons Gribius, n’a cessé depuis la campagne, de donner les preuves de magnifique tenue au feu. A pris une large part à la libération de Strasbourg par ses chars qui, en tête de la 2ieme D.B., ont traversé les Vosges, pris Saverne et son col, ouvrant la route aux divisions alliées. A, pendant la période du 18 novembre 1944 à février 1945, libéré de nombreux villages de Lorraine et d’Alsace, battant malgré de dures pertes, l’ennemi partout où il résistait, lui faisant 2580 prisonniers, dont 2 Généraux, lui détruisant 24 chars, 39 canons de différents calibres, de nombreuses mitrailleuses et plus de 200 véhicules automobiles ou hippomobiles ». Fait à Paris, le 19 avril 1945, Signé : Charles de Gaulle.

 

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Le Général Leclerc dira à sa troupe : « Destin vraiment providentiel que cet itinéraire conduisant les premiers compagnons du Général Leclerc du Tchad au nid d’aigle de Berchtesgaden à travers cinq années jalonnées d’épreuves et de souffrances inouïes. Les compagnons de la deuxième heure, aux côtés de leurs frères ainés, ont participés à ce prodigieux destin...Le cycle de l’Epopée est clos, celui des temps nouveaux commence. A vous tous, mes compagnons, au moment ou nos pas hésitent au seuil incertain des jours sans gloire, je dis aujourd’hui mon admiration et ma reconnaissance. Je n’ai connu auprès de vous que des heures pures et belles. Au Chef illustre qui vous a conduits et qui incarnait la volonté de vivre de la France, vous avez tout donné : votre confiance, votre amour, votre foi, votre espoir, votre vie. A moi qui frémirai de fierté jusqu’à mon dernier jour, de vous avoir eu sous mes ordres et d’avoir servi sous les siens, vous êtes, je vous l’assure attachés à jamais par les liens du cœur et de l’esprit ».

Le 18 juin 1945, le 12ième R.C.A. avec toute la 2ième D.B. est salué par les acclamations de la foule reconnaissante à Paris, entre le Pont de Neuilly et la place de la Concorde, à l’occasion du 1ier discours de Londres du Général de Gaulle. 9 chars du 4ième  Escadron représentent le Régiment.

Le 22 juin, le Général Leclerc fait également ses adieux à Fontainebleau, sur le terrain de la Salle :

« Il y a quelques jours, nous nous recueillions ensemble en pensant à nos morts, et le 18 juin. J’avais l’honneur de défiler une dernière fois à votre tête dans ce Paris que nous avons libéré. Aujourd’hui, appelé par le Général de Gaulle, ainsi que le Général de Langlade, à d’autres fonctions, je quitte cette Division et je viens vous faire mes adieux. J’en quitte le Commandement, mais rassurez vous, je n’en quitte pas l’esprit. Cet esprit qui anima nos actions et nous permit de vaincre, je tiens à vous le rappeler, et à vous le préciser avant de m’éloigner.

En toutes circonstances ce fut certes la recherche du travail et du combat le plus utile aux intérêts français, sans nous laisser arrêter par aucune difficulté. Oui, ce n’est pas seulement la passion du combat, le désir de gloire à tout prix qui ont animé cette Division mais c’est aussi et surtout la recherche au maximum de l’intérêt français,  quelques soient les difficultés. Nous avons vaincu ensemble, c’est bien, mais si nous avons réussi à nous donner ce patriotisme agissant, c’est encore beaucoup mieux. Car ce patriotisme n’est pas aujourd’hui un sentiment chauvin et étroit, dépassé par l’Histoire, mais une nécessité vitale, les évènements de chaque jour le prouvent. Demain comme aujourd’hui, conservez ce patriotisme agissant. Le commandement de cette Division fut facile parce que tous, poursuivant le même but, faisaient preuve d’une camaraderie de combat efficace. Je vous quitte , mais je ne vous oublierai jamais. Vous - même, quand vous sentirez votre énergie fléchir, rappelez vous Koufra, Alençon, Paris, Strasbourg».

Le 1ier Novembre 1945, le 12ième  R.C.A. quitte Fontainebleau pour faire  mouvement à Rambouillet au Quartier de la Vennerie. Le 1ier mars 1946, admis à la retraite, le Lieutenant-colonel Minjonnet fait ses adieux à son Régiment, le 12ième R.C.A.:

 

 

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 «L’heure de la retraite vient de sonner pour moi. Je quitte aujourd’hui le Commandement du 12ième R.C.A.. Je ne vous parlerai pas de l’émotion qui m’étreint en arrivant aux termes d’une carrière de plus de trente ans et en quittant le Commandement du Régiment. Je vous parlerai seulement de la fierté que j’éprouve d’avoir, pendant près de trois ans, exercé ce Commandement qui restera l’honneur de ma vie de soldat. Il m’a apporté, ce Commandement, la plus belle satisfaction que puisse ambitionner la vie d’un Officier: celle de commander au feu la troupe qu’il a formée et de constater que cette troupe se montrait, partout où elle était engagée, égale aux meilleures, digne de ses glorieuses armées de l’Armée d’Afrique, fidèle aux plus belles traditions qui ont fait la réputation de notre Armée.

Je veux adresser mon souvenir affectueux et reconnaissant à tous ceux qui, déjà rentrés dans leurs foyers de France ou d’Afrique, furent nos camarades de combat, et les bons artisans de nos succès. Quant à vous, mes vieux compagnons restés auprès de moi, vous savez trop la place que vous occupez dans mon coeur pour que j’ai besoin d’insister. Je veux encore exprimer ma gratitude et notre souvenir ému à tous ceux qui ont été blesses dans nos rangs, dont beaucoup souffrent encore dans leur chair, et dont beaucoup resteront, hélas, infirmes pour la vie.

Je veux enfin et surtout rendre un dernier hommage à la mémoire de nos morts. Ils étaient les meilleurs parmi nous, et ils l’ont prouvé en consentant sans hésiter au sacrifice suprême. Leurs noms doivent rester gravés dans nos mémoires, et leur exemple doit vivre dans notre souvenir.

Ce souvenir, je vous le lègue, avec l’histoire encore courte,  mais déjà glorieuse de notre Régiment, à vous qui continuez le 12ieme Régiment des Chasseurs d’Afrique.

A vous les anciens du Régiment, à vous qui rentrant de captivité n’avez pas pu vivre les belles heures de la revanche, à vous les jeunes qui êtes nos espoirs dans l’avenir. Tous ensembles vous garderez fidèlement les traditions d’honneur, de discipline, de belle tenue et de valeur technique qui ont fait la force de notre Armée à travers l’Histoire. Tous ensembles, vous travaillerez pour être prêts, comme l’ont été vos aînés, à l’heure peut-être prochaine où le pays devra de nouveau faire appel à ses enfants, à l’heure où la France aura besoin de vous.»

 

 

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 Le 4ième Escadron à Fontainebleau après la fin de la guerre , Capitaine Alfred Canepa au centre

Le Capitaine Canepa restera au commandement du 4ième  Escadron de Chars jusqu’en avril 1946 puis du 2ième Escadron jusqu’en septembreEn octobre 1946, il quittera le 12ième R.C.A. pour rejoindre la Division de Meknes, en tant qu’Officier des sports à l’État-major, jusqu’en 1951. Muté au 6ième  Régiment de Cuirassiers à Sissonne, c’est en tant que Chef d’Escadrons qu’il est engagé dans les guerres d’Indochine 1954 - 55, puis d’Algérie de 1955 à 1962. Lieutenant-Colonel en 1961, Chef de Corps[13] du 11ième Régiment de Cuir à Orange. Il termine sa carrière en 1971 comme Colonel. Il ne fera jamais étalage de ses citations pour faits d’armes, ainsi que de ses décorations[14].

12 RCA CANEPA 11 11 1950 LH copie

Le Capitaine Alfred CANEPA décoré de la Légion d'honneur le 13 décembre 1950.

 

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[2] 2 Bataillons de la 1ier Division des Français Libres ( DFL) , 5 Bataillons de la 3iem Division d’Infanterie algérienne

[3] Les 1ier et 2ieme Escadrons du 12 R.C.A. sont à la disposition du Sous-groupement Massu.

[5] Division commandée par le Général Guillaume

[6] Itinéraire : Ittemheim – Hurtigheim – Offenheim – Fridicheim – Lamperheim – Rothof ferme – Souffel meyerheim – Hoenheim.

[7] Du 3 février au 5 février, il traverse les villages de Dlauteheim, Innenheim, Krautergersheim, Meitratzheim-Shafferzheim, Erstein, Osthouse, Matzenheim , Sand, Rossfeld, Heibstein Boofzheim, frieshenheim, Diebolsheim, Saasenheim, Richtolshein, Artolsheim , Mackenheim.

[8] Le 5 février, lors de la prise du village de Logelheim dans le cadre d’une reconnaissance effectuée par le 1ier Escadron, l’Aspirant FALGUIERES commandant le 3ieme Peloton en remplacement du Lieutenant Canepa, est tué d’un coup de bazooka à la tête. 

[9] 25 mars 1945

[10] 1ier R.M.T., 1er R.M.S.M., 12ieme R.C.A., 12ieme Régiment de Cuirassiers, 1ier RPFM, 3ieme RAC, XI/64 RADB, 40ieme RANA, 13ieme Bataillon du Génie, 297e Compagnie de transport , 397ieme Compagnie de circulation routière, Bataillon médical n° 13,

[11] 21 tués dont 4 Officiers et 3 Sous-officiers. 52 blessés dont 9 Officiers et 10 Sous-officiers

[12] les Pelotons de Miscault et Catala

[13]Après postes de commandement en second aux 5ième et  6ième Régiments des Spahis Marocains, au 8ième Hussard.

[14] Cité 4 fois dont 2 fois à l’ordre de la Division Leclerc entre 1940 et 45. Plusieurs fois Croix de Guerre 39 – 45, Croix de  la Valeur Militaire, Médaille des Evadés, Médaille des Blessés, détenteur de l’insigne américain       « Présidential Unit Citation». Cité deux fois à l’Ordre de la Division et une fois à l’Ordre de l’Armée durant la guerre d’Algérie. Officier de la légion d’honneur, Commandeur de l’Ordre national du mérite. Invalide de la Guerre 39 - 45. 

 

Bibliographie

  • Archives fournies par le Lieutenant-colonel Claude Auboin, ancien du 12ième R.C.A.
  • Historique du 12ième R.C.A. présenté dans le Blog des Anciens
  • Archives de la famille Canepa
  • Journaux de Marche  du 12ième R.C.A., du G.T. L., du 1ier et du 4ième  Escadron de Chars du 12 R.C.A., consultés au Service Historique de la Défense à Vincennes. 
  • La 2ième D.B. - Général Leclerc en France, combats et combattants. - Editions Arts et Métiers Graphiques – 1945. Ouvrage écrit par un groupe d’Officiers et d’hommes de la Division ayant participé à l’épopée. Tiré à 90 exemplaires.
  • Une vie d’Officier, Général André Gribius, éditions France-Empire
  • Suivant Leclerc, Général  Paul de Langlade, éditions Au fil d’Ariane
  • La Victoire de Leclerc à Dompaire – 13 septembre 1944. Jacques Salbaing, Muller édition, octobre 1997
  • L’apport capital de la France dans la victoire des alliés 14/18/39-45, Dominique Lormier. Editions Histoire, mars 2011.
  • Histoire de la France – Georges Duby, membre de l’Académie Française, aux éditions Larousse 1988.
  • Histoire : le monde contemporain 1914 – 1945. J.Bouillon, A.M.Sohn, F.Brunel. Editions Bordas, 1980.
  • Article de Pierre Vonau, Professeur agrégé, Archiviste de la ville de Saverne: la libération de Saverne, novembre 1944
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Commentaires
S
Bonjour <br /> <br /> Cet article, très intéressant et documenté souligne l'exemplarité et le courage de nos anciens dans la libération de la France. <br /> <br /> Stephen Catala
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